Châsse de Bellac
Cette châsse est le plus ancien reliquaire en forme de sarcophage connu et le premier objet attribuable aux ateliers de Limoges ou du moins hispano-aquitains. Exemple unique qui ne connaîtra aucune postérité, cette oeuvre se présente sous la forme d'une maisonnette au toit en bâtière.
Elle est décorée de douze médaillons bombés de cuivre champlevé, émaillé, dont trois ont disparu à une époque indéterminée, présentant une iconographie d'inspiration évangélique. Ces divers éléments, symétriquement disposés, sont séparés les uns des autres par des pierres taillées, du verre et des intailles antiques montées en cabochon suivant la logique imposée par la forme même de l'objet.
Le flanc majeur est orné de six médaillons bombés : à la face, le Christ (identifié par une inscription à la circonférence :
IESUS SUTSIPX, le nom XPISTUS ayant été inversé par l'orfèvre), entouré par le Taureau et un griffon en lieu et place de l'Aigle, symboles des évangélistes Luc et Jean ; au rampant du toit l'Agneau Pascal entre l'Ange et le Lion (pour Matthieu et Marc).
Au revers, seuls les médaillons du toit subsistent. Ils représentent deux oiseaux affrontés flanqués de lions. Les trois médaillons du flanc ont disparu à une date indéterminée. Au pignon gauche se trouve un médaillon reprenant le thème de l'Agneau Pascal et à droite une représentation de la Vierge Marie identifiée par une inscription circulaire : SANCTA MARIA MATER D(omi) NI.
Le travail d'orfèvrerie constituant cet ensemble fut extrêment minutieux. Dans les plaques furent découpés de grands cercles et des alignements de petits évidements curvilignes redressés au marteau puis à la pince pour former les bâtes destinées à enserrer quatorze médaillons et les cent huit cabochons, la surface du cuivre étant quant à elle décorée d'une gravure en damier losangé.
(Source - Emaux Limousins du Moyen Age / Images du Patrimoine)
Ce reliquaire daté de 1130 fut peut-être exécuté pour la Chapelle des Comtes de la Marche dans le château de Bellac, chapelle qui dépendait de l'église Saint-Sauveur, aujourd'hui sanctuaire paroissial de l'Assomption-de-la-Très-Sainte-Vierge.
(Source - Emaux Limousins du Moyen Age / Images du Patrimoine)
Outre les pierres et cristaux de roche dont certains ont été remplacés par des plaquettes de verre à une époque indéterminée, il convient de remarquer la grande quantité d'intailles antiques montées en bâte ; leurs place et orientation sont complètement aléatoires et ne répondent à aucun souci de cohérence.
Il s'agit d'éléments de récupération utilisés sans doute pour une simple raison esthétique sans aucune valeur symbolique. La gamme chromatique des émaux de la châsse de BELLAC ne compte que trois couleurs : bleu foncé, vert et leur composé, le turquoise, ainsi que du blanc rosé.
C'est avec cette seule palette que l'artiste a composé ses médaillons, alliant leurs teintes froides à celles, beaucoup plus chaudes, des pierres et intailles montées en bâte sur le fond d'or, faisant ainsi preuve d'une très grande maîtrise des jeux d'opposition des couleurs.
(Source - Emaux Limousins du Moyen Age / Images du Patrimoine)