Saint Etienne du Muret
A l'origine de l’ordre de Grandmont, se trouve un ermite , Étienne, surnommé, "Étienne de Muret" après qu’il se soit retiré dans les bois d’Ambazac (au nord de Limoges). C’est un personnage tout à fait historique - même s’il y a des légendes à son sujet - dont l’oeuvre est connue par diverses sources écrites et par la transmission orale de sa règle, tout particulièrement à l'attention de son disciple favori, Hugues de Lacerta, C'est ce disciple qui fut à l'origine du premier recueil des pensées et directives du saint destiné à ses disciples.
Né vers 1046-1048, Étienne serait, d'après la légende, fils d'un vicomte de Thiers en Auvergne. Dès l'âge de douze ans, il serait partit avec son père en pèlerinage à Bari en Italie, pour y vénérer les reliques de saint Nicolas. Le petit Étienne tomba malade lors de l’escale qu’il fit avec son père, chez l’Archevêque Milon de Bénévent en calabre. L’Archevêque aurait pris Étienne en affection et aurait gardé l’enfant auprès de lui pour faire son éducation pendant douze ans. Plus vraisemblablement il aurait été placé auprès du doyen du chapitre de Paris, Milon, qui, élevé au rang d'archevêque de Bénévent en Italie, aurait emmené le jeune garçon avec lui.
Le prélat l’aurait ordonné diacre puis élevé au rang d'archidiacre de son diocèse... C’est près de Bénévent ( Calabre ) qu’ Etienne aurait connu une communauté d’ermites (peut-être des Camaldules dont l’ordre fut fondé à Camaldoli en Toscane en 1012) vivant de pauvreté et d’observances régulières (suivant une règle)
Après un séjour de quelques années dans le milieu de la cour pontificale, Étienne regagna le Limousin .Selon la tradition, de retour en Auvergne, après la mort de ses parents, il aurait vendu ses biens et distribué l’argent aux pauvres. Il aurait ensuite abandonné à son oncle Guillaume, son titre de vicomte et ses droits de succession sur la baronnie de Thiers. Étienne, en 1076, se serait ensuite retiré dans les bois d’Ambazac au lieu-dit Muret au nord-est de Limoges, après avoir cherché un lieu pour y vivre l’évangile dans la prière et la solitude du ‘’désert‘’, à l’exemple des ermites qu’il avait vus en Calabre.
A cette époque de recherche de perfection et de renouveau, la vie érémitique séduisait les esprits en quête d'absolu . C’est la grande période des ermites en occident ... Souvent ces ermites se regrouperont et cela aboutira à la fondation d’ordres religieux mêlant les deux formes de vie , celle de l’érémistime et celle plus classique du cénobitisme (les cénobites sont des religieux vivant en communauté, tel les bénédictins, les cisterciens...) . Ainsi les camaldules on été fondé en 1012 puis il y aura la chartreuse en 1084....
L’ermite est une personne qui vit seule, loin du monde. Elle cherche le désert (grec eremos) . En Europe de l’ouest elle trouve le désert dans la forêt ( latin for-foris=éloigné, étrange ; foreanus=étranger ). L’ermite cherche à se couper du monde pour se consacrer à Dieu de toute son âme. Le problème de l’ermite c’est que, dés que sa réputation de sainteté est connue et s’accroit, on vient vers lui, de sorte que rapidement des disciples plus ou moins nombreux se groupent pour recevoir son enseignement et mener une vie semblable . C’était déjà ce qui s’était produit au désert de Thèbes en Égypte avec saint Antoine et les Pères de désert .
Étienne se retire donc dans la forêt d'Ambazac, vers 1075-1079. Pratiquant la vie d'un “anachorète” (l'anachorète est un ascète vivant dans la solitude, c'est le mot équivalent d'ermite) , il dispensa néanmoins à quelques disciples, parmi lesquels Hugues de Lacerta, un enseignement traditionnel basé sur les écrits des Pères de l'Église, dont saint Augustin, et sur les Évangiles. La Vita, écrite au moment de la canonisation d’Étienne au XIIe siècle, le présente comme un fondateur d’ordre. Cependant, il est resté diacre : il n’a pas revêtu l’habit des moines, ni celui des chanoines. Étienne et ses premiers compagnons se distinguent par leur choix d’une vie d’excessive pauvreté. Il interdit toute possession de terres au-delà des bornes du domaine, tout animal hormis les abeilles. Muret est si peu étendu que les ermites vivent des dons suscités par leurs prières. Étienne et ses frères pratiquent les travaux manuels, les cultures de subsistance, sans règle, dans leur enclos, loin du monde. Son disciple Hugues de Lacerta a transmis son idéal de vie et sa doctrine fondée sur l’Évangile : ce fut la base de la Règle de l’Ordre.
Étienne est mort le 8 février 1125 La Règle de l'Ordre fut approuvée par le Pape Adrien IV le 25 mars 1156.. Étienne de Muret fut canonisé en 1189 par le Pape Clément III. La cérémonie eut lieu à Grandmont, le 30 août 1189.
Cette plaque émaillée qui figure saint Etienne de Muret et son disciple Hugues Lacerta est le seul vestige connu du grand retable qui ornait l'autel majeur de l'abbaye de Grandmont.
Ce retable fut probalement exécuté peu de temps après la canonisation d'Etienne de Muret, qui fonda l'ordre érémitique de Grandmont en 1077 ; on sait qu'il associait des scènes de la vie du Christ à celles du saint fondateur de l'ordre, comme cette apparition posthume d'Etienne à Hugues Lacerta, dont l'inscription est rédigée en langue vernaculaire.
Pour le décor somptueux de l'autel majeur, la communauté grandmontaine s'adressa aux ateliers limousins, qui prenaient alors leur essor ; sur le fond d'or, les personnages déploient la palette caractéristique de l'émaillerie limousine, fondée sur des nuances subtiles de bleu.
Stephen of Muret: A Medieval Christian Hermit's Thoughts
The fate of St. Stephen of Muret (1045-1124), the last hermit-reformer of eleventh-century Western Christianity, is representative of that tumultuous era of monastic and eremitic movements. Stephen is identified by history as the founder of the Grandmont religious order of hermits (which was suppressed in the eighteenth century), though as leading Muret scholar Carole Hutchison puts it, he "never intended founding a religious order and never set eyes on Grandmont."
Instead, Stephen intended a modest eremitic life in the remote Limousin district of south-central France, eventually sharing his wisdom with aspiring hermits and inspired visitors. His Maxims, or Thoughts, were compiled into a book years after his death, though Stephen wrote nothing. So under-appreciated throughout history has he been that Hutchison dubs him the "patron saint of the unrecognized." But Stephen's thoughts still speak clearly to us across the centuries.
The biographies of the period are no more accurate about Stephen's life than hagiography: the analogies with John the Baptist, the study and tutelage in Rome with an eminent cardinal, the visit to his forest hut in later life by two eminent churchmen who would become popes and would approve the Grandmont order and Stephen's beatification. But Stephen's purported visit to Greco-Calabrian hermits, who were to greatly inspire his decision at thirty to become a hermit, does ring true.
The obscurity of Stephen's life only highlights what we do know: that the Thoughts were compiled at the behest of the fourth prior of Grandmont fifteen years after Stephen's death. Compilation of the Thoughts coincided with development of a Rule drawn up for the order, approved in 1156 by Pope Adrian IV.
The most credible information about Stephen describes his simple wattle dwelling situated on a rocky terrace in a valley of trees in densely forested hills. His clothes were the same in winter and summer: an undergarment and woolen tunic, with chain mail in lieu of a hair shirt. Stephen's diet consisted of forest nuts and berries, and he slept on rough boards. He passed his days in meditation and the recitation of the traditional monastic hours. Stephen lived alone for several years in this fashion until the arrival of disciples and visitors. It should be noted that he was not a priest nor even a formal monk.
(Source - Hermitary Ressources)